Un type de graisse alimentaire que l’on consomme tous les jours pourrait alimenter un cancer du sein parmi les plus redoutés. Vous utilisez probablement des huiles de tournesol, de soja ou encore du porc dans vos repas quotidiens. Et si ces produits, apparemment anodins, pouvaient entretenir le feu de la maladie ? Une récente étude américaine soulève une alerte sérieuse sur l’un des acides gras les plus répandus du régime occidental : l’acide linoléique, un oméga-6.
Publié en mars 2025 dans la revue renommée Science, ce travail dirigé par le Dr John Blenis de la Weill Cornell Medicine révèle qu’un excès d’oméga-6 active une voie moléculaire clé alimentant la croissance du cancer du sein triple négatif. Un sous-type particulièrement agressif, difficile à traiter et touchant majoritairement les femmes jeunes et pré-ménopausées.
Oméga-6 et cancer du sein : une corrélation désormais prouvée
Une découverte majeure : l’activation de la voie mTORC1
L’acide linoléique, principal représentant des oméga-6, se lie à une protéine bien connue des chercheurs : la FABP5. Cette interaction entraîne l’activation de la voie mTORC1, un véritable accélérateur de division cellulaire. Résultat ? Les cellules cancéreuses prolifèrent à vitesse grand V.
Mais ce mécanisme n’est pas commun à tous les cancers.
L’étude montre qu’il ne s’enclenche que dans les cellules issues du cancer du sein triple négatif, un cancer sans récepteurs hormonaux, ni HER2, deux cibles pourtant majeures des traitements standards.
FABP5 : le nouvel acteur ciblé de la progression tumorale
FABP5 agit comme un transporteur de graisse spécial. Ce que l’étude révèle de nouveau ? Cette protéine est surexprimée dans les tumeurs triple négatif.
Cela explique pourquoi ces cellules captent et traitent l’acide linoléique différemment des autres types de tumeurs mammaires.
Et ce n’est pas une simple supposition : les chercheurs ont constaté chez la souris nourrie à base d’aliments riches en acide linoléique une pousse accélérée des tumeurs.
Les échantillons de sang de patientes atteintes ont confirmé une concentration élevée de FABP5 ainsi que d’acide linoléique.
Le déséquilibre oméga-6 / oméga-3 : un problème bien plus vaste
Une alimentation occidentale trop riche en oméga-6
Depuis les années 1950, l’utilisation massive d’huiles végétales riches en oméga-6 a multiplié par 4 à 5 leur consommation moyenne, déséquilibrant le fragile ratio oméga-3/oméga-6.
Or, pour fonctionner correctement, notre organisme a besoin d’un rapport idéal de 1/1 à 4/1. Aujourd’hui, il atteint souvent 20/1 dans les régimes modernes.
Ce déséquilibre favorise un terrain inflammatoire chronique, propice non seulement au développement de cancers comme le triple négatif, mais aussi à des maladies métaboliques, cardiovasculaires ou neurodégénératives.

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Le rôle protecteur des oméga-3
Contrairement aux oméga-6, les oméga-3 (présents par exemple dans les poissons gras, les graines de lin ou les noix) contribuent à abaisser l’inflammation. Plusieurs études montrent qu’un apport accru en oméga-3 est associé à une réduction du risque de cancer du sein, en particulier pour les tumeurs les plus agressives.
Vers une alimentation anti-inflammatoire contre le cancer
Opter pour une alimentation à dominance végétale, riche en oméga-3 et pauvre en oméga-6 (comme le régime méditerranéen), pourrait constituer une stratégie de prévention efficace. Elle se fonde sur une logique d’équilibrage plutôt que d’exclusion complète.
FABP5 : un biomarqueur prometteur pour des thérapies ciblées
Identifier les patientes les plus à risque
Grâce à FABP5, il devient envisageable de dépister les femmes dont les tumeurs répondraient à ce mécanisme oméga-6 → mTORC1, et ainsi mieux personnaliser la prévention et les traitements. Des analyses sanguines simples pourraient inscrire dans la pratique clinique cet outil de dépistage spécifique.
Vers une inhibition pharmacologique de FABP5 ?
Certaines molécules commencent déjà à cibler FABP5 en laboratoire. À terme, un médicament inhibiteur pourrait limiter la progression des cancers triple négatifs dont la croissance dépend de ce chemin métabolique, tout en ajustant l’alimentation des patientes.
Une implication possible dans d’autres cancers
La même voie de signalisation est suspectée de favoriser aussi le développement de certains cancers de la prostate. Ce qui laisse entrevoir une généralisation de cette approche ciblée à d’autres types de tumeurs métaboliquement dépendants des oméga-6.
Comment réduire scientifiquement ses apports en oméga-6
Faut-il complètement supprimer les oméga-6 ? Non, car l’acide linoléique est un acide gras essentiel. Mais il est vital d’en modérer l’apport et de rééquilibrer le rapport avec les oméga-3.
Voici un comparatif pour visualiser l’impact de votre choix alimentaire :
Aliment | Richesse en Oméga-6 | Alternatives plus saines |
---|---|---|
Huile de tournesol | Très élevée | Huile d’olive ou de colza |
Frites industrielles | Très élevée | Légumes rôtis maison |
Charcuteries | Élevée | Poisson gras frais |
Snacks et chips | Très élevée | Graines de lin ou noix |
OMÉGA-6 ET CANCER : passer à l’action concrètement
Plutôt que d’attendre que la science transforme ses conclusions en médicaments, commencez dès maintenant à corriger ce déséquilibre omniprésent :
- Privilégiez les cuissons à l’huile d’olive extra vierge
- Consommez des poissons gras (sardines, maquereaux, saumon) 2 fois par semaine
- Réduisez les plats préparés et frits
- Intégrez des graines de lin, noix ou chia dans vos salades
- Lisez les étiquettes : fuyez les produits contenant huiles végétales hydrogénées
Pour plus de conseils pratiques, explorez ces articles complémentaires de BMoove :
👉 Pourquoi les oméga-6 aggravent le cancer du sein triple négatif
👉 Oméga-3 et Oméga-6 : TOUT savoir sur les acides gras essentiels
👉 Comment prévenir le CANCER DU SEIN ?
Ce qu’il faut retenir
- Un excès d’oméga-6 favorise la croissance des tumeurs du sein triple négatif via la voie FABP5-mTORC1.
- FABP5 est un marqueur-clé exprimé massivement dans ce type de cancer agressif.
- L’alimentation moderne est trop riche en acide linoléique à cause des huiles industrielles.
- Rééquilibrer avec plus d’oméga-3 peut réduire l’inflammation et le risque tumoral.
- Des solutions thérapeutiques ciblées sont en cours de développement contre FABP5.
Source
Koundouros N, Nagiec MJ, Bullen N, Noch EK, Burgos-Barragan G, Li Z, He L, Cho S, Parang B, Leone D, Andreopoulou E, Blenis J. Direct sensing of dietary ω-6 linoleic acid through FABP5-mTORC1 signaling. Science. 2025 Mar 14;387(6739):eadm9805. doi: 10.1126/science.adm9805. Epub 2025 Mar 14. PMID: 40080571.
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