A l’occasion de la sortie le 21 août de son nouvel ouvrage consacré à l’alimentation Paléo, « Paléo Nutrition », son auteur Julien Venesson nous a accordé une interview exclusive.
Dans cet entretien, il nous explique comment il s’est intéressé au Paléo, puis il évoque quelques avancées scientifiques qui confortent ce « régime » comme véritable régime santé, enfin, il nous fournit quelques pistes pour appréhender au mieux ce mode d’alimentation.
Julien Venesson est auteur, professeur de nutrition, consultant en nutrition et santé. Il est également Journaliste scientifique pour plusieurs sites internet dont notamment LaNutrition.fr, Santé Nature Innovation et Alternatif Bien-Être dont il est le rédacteur en chef.
BMoove : J’imagine bien sûr que tu manges Paléo. Quand as-tu réalisé que ce mode d’alimentation était l’idéal pour toi ?
Julien Venesson : À l’âge de 20 ans j’ai quitté le domicile familial pour emménager dans un appartement, proche de ma faculté. Totalement libéré du carcan maternel, je pouvais enfin manger comme je l’entendais : pizzas, céréales et lait, fromage, pâte à tartiner au chocolat, biscuits, glaces. Je ne mangeais aucun fruit ni aucun légume ! Quelque temps après, j’ai déclenché une fatigue chronique et une rectocolite hémorragique. C’est à ce moment que je me suis intéressé de près à la nutrition, d’autant que je constatais l’absence d’enseignement sur ce sujet en faculté. Je lisais beaucoup sur le sujet, mais à un moment j’ai voulu expérimenter les choses. En quelques années j’ai expérimenté le végétarisme, le végétalisme, le régime cétogène, l’alimentation dissociée, le régime Seignalet, le jeûne hydrique, etc. Mais c’est grâce à une alimentation paléo adaptée que je suis parvenu à mettre en sommeil durablement mes problèmes de santé.
De plus en plus de personnes, et en particulier des personnes qui pratiquent le Crossfit, décident de suivre le « régime » Paléo. A ton avis, est-ce un régime à la mode ? Comment expliques-tu le succès de ce nouveau mode de vie ?
Les connaissances scientifiques sur l’alimentation de l’Homme Paléo, c’est-à-dire avant les débuts de l’agriculture il y a environ 10 000 ans, sont assez récentes. La recherche dans ce domaine a explosé il y a environ 20 ans. C’est donc normal que tout le monde s’y intéresse depuis quelques années seulement. Ceux qui parlent de « mode », le font généralement pour essayer de discréditer ce qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne veulent pas comprendre ou qui s’oppose à leurs intérêts commerciaux. Car il faut rappeler qu’une alimentation Paléo est dépourvue de céréales et de produits laitiers et on sait tous que de nombreux médecins populaires à la télé ou dans les journaux travaillent de concert avec les industriels de ces filières.
La deuxième raison de ce succès grandissant c’est tout simplement que le régime Paléo fonctionne vraiment. Il est efficace pour mettre en rémission de nombreuses maladies, comme les maladies auto-immunes, l’hypertension artérielle, le diabète, le surpoids, l’hypercholestérolémie, etc. Les études d’intervention dans lesquelles on a comparé une alimentation de référence à un régime Paléo ne sont pas encore très nombreuses, mais elles ont toutes montré d’excellents résultats. Si l’alimentation Paléo est si efficace c’est tout simplement parce que c’est réellement la plus adaptée à notre génome : c’est celle que nous avions pendant tous ces derniers millions d’années.
Tu as récemment indiqué que le régime Paléo n’est ni plus ni moins que le régime ancestral tel qu’il avait été conçu par le Dr Seignalet pour soigner naturellement la plupart des maladies de civilisation, mais complété avec toutes les nouvelles données de la recherche scientifique qui n’étaient pas connues à l’époque. Cela veut-il dire que les personnes qui suivent le régime Seignalet doivent plutôt se tourner aujourd’hui vers le Paléo pour « optimiser » encore plus leur santé ?
J’ai beaucoup de respect pour tout le travail qu’a effectué Jean Seignalet. Déjà simplement parce qu’il a mis en avant des idées qui semblaient farfelues pour l’époque et qui allaient à contre-courant de tout ce qu’on lui avait enseigné (car il était médecin immunologue). Et ensuite parce qu’il a réussi à émettre des hypothèses sur les mécanismes par lesquels une alimentation ancestrale permet de soigner des maladies chroniques. C’est d’ailleurs l’envie de comprendre ces mécanismes qui m’avait poussé à écrire Gluten, comment le blé moderne nous intoxique et comme on le voit, le Dr Seignalet avait compris beaucoup de choses qui ont été démontrées par la science après sa mort. C’était un vrai visionnaire.
Avec les nouvelles données scientifiques on peut compléter le travail de Seignalet sur le régime ancestral (ou régime Paléo) en comprenant le rôle exact de la cuisson, comment les aliments augmentent la perméabilité intestinale via une hormone (la zonuline), le rôle des produits animaux dans la santé, pourquoi certaines personnes sont génétiquement adaptées aux céréales, l’importance de la vitamine D dans les maladies auto-immunes ou encore l’impact de certains aliments comme les pommes de terre, les tomates ou les aubergines.
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Justement, une différence importante entre le régime Seignalet et le Régime Paléo est la cuisson à basse température recommandée par Seignalet. Quel est ton point de vue sur la question ?
Ce n’est pas une différence, mais un point commun. Les dernières recherches ont mis en évidence que l’homme Paléo faisait cuire ses aliments il y a environ 2 millions d’années. L’alimentation de l’Homme est donc un mélange de cru et de cuit depuis déjà plusieurs millions d’années. Le mode de cuisson utilisé semble avoir été principalement une cuisson à l’étouffée dans des feuilles, ce qui est l’équivalent moderne de la papillote et il s’agit d’une cuisson douce. Le barbecue, lui, n’est pas Paléo, et ne nous est pas adapté : de nombreuses études ont montré que plus on consomme d’aliments grillés au barbecue, plus on augmente son risque de cancer.
Sur le site BMoove, on nous interpelle souvent sur le la possibilité de manger Paléo tout en étant végétarien. Un chapitre de ton nouveau livre évoque le sujet… Peux-tu nous dire quelques mots sur comment concilier végétarisme et Paléo ?
L’alimentation Paléo n’est pas une alimentation qui a disparu. Il existe des coins du monde où certaines peuplades continuent de vivre comme au Paléo, à l’écart de la civilisation. On peut citer les indiens Yanomami dans la forêt d’Amazonie ou les Kitavans en Papouasie Nouvelle-Guinée. Ces deux peuplades sont quasiment végétariennes. Les Kitavans ne mangent presque que du poisson, ils sont pesco-végétariens. Quant aux Yanomami, ils mangent végétariens à 80%. Il est donc possible de manger Paléo tout en étant végétarien même si ce n’est pas toujours simple si on souhaite être végétarien strict.
Quels sont les obstacles majeurs qui attendent les personnes qui débutent le régime Paléo ? Selon toi, comment les éviter au mieux ? Que conseilles-tu d’éviter plus que tout pour réussir à conserver une alimentation Paléo ?
Quand on a grandi dans un monde qui nous a inculqué ce que doit être l’alimentation idéale, qu’il faut absolument consommer des produits laitiers pour avoir des os solides, que les céréales sont nécessaires pour avoir de l’énergie ou qu’il faut boire au moins 1,5 litre d’eau par jour pour être en bonne santé, il est difficile d’imaginer que ce n’est pas la réalité scientifique. Il est donc clair que les personnes qui s’essayent au Paléo ont une ouverture d’esprit et une curiosité hors du commun. Malgré cela la mise en place peut être difficile, car on n’efface pas des années ou des dizaines d’années d’habitudes facilement. A ceux qui pensent que leur pain, leur fromage ou leurs pâtes vont leur manquer, je dis de prendre leur temps : intégrez les nouvelles habitudes progressivement, au fil des semaines et des mois. Pour ceux qui se sentent capables de faire une transition rapide, il ne faut pas hésiter. L’important à avoir en tête c’est qu’une alimentation Paléo à 50% est toujours meilleure pour la santé et les performances qu’une alimentation industrielle à 100%. Ce qui compte, c’est d’être dans la bonne direction.
Merci Julien pour cet entretien ! Pour finir, peux-tu nous donner 3 bonnes raisons d’acheter ton nouveau livre « Paléo Nutrition » ? 😉
Ce nouveau livre va plus loin que tout ce que j’ai écrit auparavant. Je pense qu’il réunit toutes les notions existantes connues à ce jour sur la nature des aliments et leur impact sur la santé. Il se veut aussi comme une réconciliation entre nutrition et sport puisque plusieurs chapitres détaillent aussi l’alimentation pour la performance dans les sports de force ou les sports d’endurance. Enfin, il donne toutes les clefs pour une santé optimum, et à l’heure où les hôpitaux ont de moins en moins de moyens pour soigner, ce luxe est la plus grande des libertés.
Pour en savoir plus, commandez « Paléo Nutrition » sur Amazon.
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3 Responses
je suis très intéressée par ces recettes
livre acheté hier, hâte de le lire
J’attends avec hâte de recevoir les livre pour débuter ce mode d’alimentation