Le sommeil et la dépression : un signal d’alarme

L’équipe de l’University College London (UCL) a récemment tiré la sonnette d’alarme en mettant en lumière le lien entre le manque constant de sommeil et le développement de symptômes dépressifs.

Dans leur article publié dans la revue Translational Psychiatry, les chercheurs de l’UCL explorent la manière dont un sommeil non-optimal est associé à l’émergence de symptômes dépressifs. De manière plus générale, l’étude contribue à éclairer la relation complexe entre la génétique, le sommeil et la dépression.

Le lien complexe entre sommeil et santé mentale

La limite critique semble être de moins de 5 heures de sommeil par nuit, bien que la corrélation entre le sommeil et la santé mentale soit complexe.

La question de la causalité entre la durée de sommeil insuffisante et la dépression ressurgit, avec le chercheur principal, Odessa S. Hamilton de l’Institut d’épidémiologie et de soins de santé de l’UCL, soulignant que ces deux situations se produisent fréquemment simultanément.

Cependant, en utilisant des données de susceptibilité génétique, les chercheurs suggèrent que le manque de sommeil précède les symptômes dépressifs plutôt que l’inverse.

Étude démographique : données et participants

L’étude, basée sur les données de 7 146 participants âgés en moyenne de 65 ans provenant de l’English Longitudinal Study of Aging (ELSA), une étude représentative à l’échelle de la population en Angleterre, révèle plusieurs conclusions significatives :

  • En moyenne, les participants dormaient 7 heures par nuit.
  • Au début de la période d’étude, plus de 10 % dormaient moins de 5 heures par nuit, atteignant plus de 15 % à la fin de la période.
  • Entre 8,75 % et 11,47 % des participants ont été diagnostiqués avec une dépression pendant le suivi.
  • Les personnes génétiquement prédisposées à un sommeil court (moins de 5 heures par nuit) étaient plus susceptibles de développer des symptômes dépressifs sur une période de 4 à 12 ans.
  • Il n’y avait cependant pas de prédisposition génétique à une durée de sommeil plus courte chez les personnes ayant une plus grande prédisposition génétique à la dépression.

L’étude souligne également l’héritabilité de la durée du sommeil et de la dépression entre les générations, avec des liens génétiques expliquant une part significative de ces caractéristiques.

Conclusion : vers une compréhension approfondie

Les conclusions mettent en évidence une corrélation entre des durées de sommeil insuffisantes ou excessives et le risque de développer des symptômes dépressifs.

Ces résultats soulignent l’importance des scores polygéniques pour comprendre la nature complexe de la durée du sommeil et des symptômes dépressifs, tout en appelant à une meilleure compréhension du mécanisme sous-jacent à la relation entre le sommeil et la dépression.

Source: Translational Psychiatry 19 Oct, 2023 DOI: 10.1038/s41398-023-02622-z Polygenic Predisposition, Sleep Duration, and Depression: Evidence from a Prospective Population-Based Cohort