Et si un facteur méconnu pouvait faire la différence entre un bon ou un mauvais pronostic lors d’un diagnostic de cancer ? Une condition physique robuste et une masse musculaire suffisante pourraient bien être vos meilleurs alliés dans cette bataille. Une nouvelle méta-analyse publiée dans le British Journal of Sports Medicine en 2024 nous éclaire sur un aspect jusqu’ici sous-exploité du soin oncologique : la force musculaire.
Sur la base de 42 études rassemblant plus de 47 000 patients atteints de divers types de cancers, les chercheurs démontrent que les personnes ayant une meilleure condition physique et une force musculaire plus importante ont un risque de mortalité nettement réduit. Une avancée qui remet en lumière le rôle central des muscles dans la lutte contre le cancer, mais aussi durant la convalescence.
La force musculaire, un levier de survie face au cancer
Un constat scientifique solide basé sur des milliers de cas
La force musculaire ne détermine pas uniquement votre capacité à soulever des poids ou à empiler les sacs de courses sans faillir. Elle est aussi un indicateur global de vitalité et de fonctionnement cellulaire.
Les chercheurs ont mesuré la force via des tests simples comme la force de préhension et la capacité cardiorespiratoire par le test de marche sur 6 minutes et des épreuves d’effort.
Résultat : une force musculaire et une endurance accrues réduisent le risque de décès toutes causes confondues de 31 à 46 %.
Fait remarquable, chaque unité supplémentaire de force mesurée correspond à une réduction de 11 % du risque de décès.
À l’inverse, une faible puissance musculaire est associée à une issue plus défavorable. En d’autres termes : muscler son corps, c’est aussi muscler ses chances de survivre à un cancer.
Un impact sur tous les types de cancer, mais surtout les plus avancés
Les bénéfices sont encore plus manifestes chez les patients atteints de cancers à un stade avancé.
La survie des individus souffrant de cancers du poumon ou digestifs, en particulier, s’améliore de manière mesurable quand leur condition physique est bonne.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : réduction du risque de décès de 19 à 41 % selon le type de cancer, et jusqu’à 46 % pour les combinaisons force + endurance physique.
Pourquoi les muscles protègent-ils du cancer ?
Les muscles : producteurs de molécules aux effets anti-cancer
Au-delà de leur rôle mécanique, les muscles sont de véritables glandes hormonales. Lors de l’effort physique, ils libèrent des substances appelées myokines.
Ces molécules régulent le système immunitaire, réduisent l’inflammation chronique (facteur aggravant du cancer), et peuvent même inhiber directement la croissance de certaines cellules tumorales.
En particulier dans les cancers du côlon, du sein ou de la prostate, leur effet est démontré.
Une bataille chimique entre la masse maigre et la masse grasse
Le muscle est un tissu actif, consommateur de glucose, alors que la masse grasse, notamment viscérale, produit des cytokines pro-inflammatoires.
Ces molécules soutiennent un environnement propice à la progression tumorale. Les patients ayant un mauvais ratio muscle/graisse sont donc plus exposés à la récidive ou à des complications graves.
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Ce guide, fruit de plusieurs années de recherches et d’expérimentations, est une véritable mine d’informations et de conseils pratiques pour tous ceux qui souhaitent prendre leur santé en main.
Une étude récente sur le cancer de l’ovaire montre que cette combinaison délétère (faible muscle + adiposité élevée) double quasiment le risque de décès.
Quels exercices privilégier pour améliorer ses chances ?
Combattre le cancer avec des haltères ? Oui… mais pas uniquement !
Le renforcement musculaire devrait devenir une prescription standard dans le parcours de soins du cancer.
Les recommandations internationales conseillent 2 séances hebdomadaires de musculation, même avec un poids léger, couplées à au moins 150 minutes d’activité d’endurance modérée hebdomadaire (marche rapide, vélo, natation).
Et ce, dès le diagnostic, durant les traitements et après.
Il est aussi essentiel de lutter contre la sédentarité : se lever régulièrement, bouger entre les réunions, pratiquer des étirements légers… Chaque mouvement compte.
Des activités douces mêlant corps et esprit comme le yoga ou le tai-chi montrent aussi des effets bénéfiques sur les fonctions cognitives et la gestion du stress chez les patients.
Un tableau récapitulatif des effets observés selon le type de cancer
Type de cancer | Activité physique recommandée | Impact sur la survie |
---|---|---|
Prostate | 3h/semaine d’activité intense | -49 % de risque de décès |
Côlon | 18 MET-h/sem ou plus | -51 % de risque de décès |
Poumons | Marche rapide 5j/semaine | -41 % de risque de décès |
Gynécologiques | Marche quotidienne + musculation légère | -35 % |
Passer à l’action : comment introduire de l’exercice en pratique ?
Adapter le mouvement aux capacités de chacun
L’effort ne doit pas être un obstacle. Pour les patients fatigués ou en rémission, des programmes d’activité physique adaptée (APA) existent.
Encadrés par des professionnels de santé, ces programmes personnalisés tiennent compte des douleurs, effets secondaires ou restrictions dues aux traitements.
L’objectif est de créer une routine mobilisatrice, qui redonne du sentiment de contrôle face à la maladie, améliore la qualité de vie, diminue la fatigue chronique et permet même de mieux supporter les traitements (moins d’interruptions, récupération accélérée, prévention de l’atrophie musculaire induite).
Des outils technologiques peuvent aider
Montres connectées, applications de suivi d’activité ou plateformes de coaching en ligne sont autant d’outils pour favoriser la régularité.
De nombreuses plateformes proposent désormais un module « activité physique pendant cancer », assurant un suivi bienveillant et structuré.
Pour les personnes souhaitant en savoir plus sur l’alimentation complémentaire à ces pratiques physiques, consultez notre guide pratique sur l’alimentation anti-inflammatoire adaptée à la prévention du cancer.
Ce qu’il faut retenir
- Une bonne condition physique réduit le risque de mortalité lié au cancer jusqu’à 46 %
- Les muscles produisent des substances naturelles anti-inflammatoires et anti-tumorales
- L’activité physique est bénéfique avant, pendant et après les traitements
- Même de petites améliorations en force musculaire augmentent les chances de survie
- L’entraînement personnalisé est accessible et adaptable à tous les types de patients
👉 Découvrez également notre article sur la gestion du poids dans le cadre du cancer du sein et comment une stratégie nutritionnelle adaptée peut renforcer votre plan de soin.
Source
Bettariga F, Galvao DA, Taaffe DR, Bishop C, Lopez P, Maestroni L, Quinto G, Crainich U, Verdini E, Bandini E, Natalucci V, Newton RU. Association of muscle strength and cardiorespiratory fitness with all-cause and cancer-specific mortality in patients diagnosed with cancer: a systematic review with meta-analysis. Br J Sports Med. 2025 May 2;59(10):722-732.
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