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Et si la pratique millénaire du jeûne se révélait être une arme moderne contre les maladies du foie ? C’est ce que confirme une récente étude publiée en 2024 dans la revue Cell Metabolism. Les chercheurs y démontrent l’impact spectaculaire du jeûne intermittent de type 5:2 sur la santé hépatique, en particulier dans les cas de maladie métabolique du foie (MASH), un fléau silencieux qui touche près d’un quart de la population mondiale.

Cet article explore, avec une vulgarisation précise mais accessible, comment cette pratique nutritionnelle peut inverser une fibrose installée, limiter l’inflammation chronique et même prévenir le développement du carcinome hépatocellulaire, une forme de cancer du foie. Plongeons dans les mécanismes biologiques, les preuves scientifiques et les conseils pratiques pour intégrer le jeûne intermittent dans une démarche thérapeutique naturelle et éclairée.

Comprendre la MASH : Quand le foie souffre en silence

Autrefois appelée NASH, la stéatohépatite métabolique est désormais regroupée sous le terme MASH (Metabolic dysfunction-associated Steatohepatitis). Elle représente l’évolution dangereuse d’un foie surchargé de graisses, souvent liée au syndrome métabolique. Ce dernier inclut surpoids, résistance à l’insuline, hypertension et dyslipidémie.

Le danger ? Cette pathologie progresse sans douleur vers une fibrose, puis une cirrhose, et, dans certains cas, un carcinome hépatocellulaire (CHC), un cancer hépatique encore trop souvent mortel.

Jeûne intermittent : quels formats et pour quels effets ?

Jeûne intermittent

Les rythmes populaires : 16:8, 5:2, 1:1

Il existe différents protocoles de jeûne intermittent, mais trois se distinguent :

16:8 : 16 heures sans manger, 8 heures de fenêtre alimentaire.

5:2 : 5 jours d’alimentation normale, 2 jours (non consécutifs) de restriction intense.

1:1 : Un jour sur deux de jeûne complet.

Pourquoi le 5:2 se démarque

Dans les expériences animales les plus récentes, le protocole 5:2 s’illustre par sa capacité à prévenir et améliorer une stéatohépatite déjà installée. C’est le rythme qui semble aussi le mieux toléré sur le long terme, y compris chez les humains.

Les mécanismes biologiques révélés par la science

L’autophagie, le ménage cellulaire amélioré

Le jeûne intermittent stimule un processus fondamental : l’autophagie, ce nettoyage intracellulaire qui élimine les résidus toxiques et recycle les composants cellulaires abîmés. C’est un véritable « reset » du métabolisme. Chez les souris comme chez les humains, ce mécanisme renforce la capacité des cellules à lutter contre les dommages du stress oxydatif et prévient la dégénérescence hépatique.

PPARα et PCK1 : deux enzymes clés du jeûne

Le jeûne active spécifiquement deux voies métaboliques essentielles : la signalisation PPARα (un régulateur des acides gras) et la néoglucogenèse via l’enzyme PCK1. Leur activation coordonnée contribue à une amélioration marquée du profil lipidique, une réduction de la fibrose et une diminution de l’inflammation du foie.

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Études sur souris : des résultats prometteurs et mesurés

Les mécanismes biologiques révélés par la science

Dans le modèle murin, des souris alimentées avec un régime de type occidental (riche en graisses et sucres simples) développent rapidement une MASH. Or, lorsqu’on applique un jeûne intermittent 5:2, on observe :

– Une perte de poids malgré un apport calorique identique – Une amélioration de la glycémie et du cholestérol – Une réduction significative de la fibrose hépatique – Une absence totale de développement de cancer hépatique après 4 mois

Quand et comment jeûner pour optimiser les bénéfices ?

L’importance du rythme circadien

Le moment auquel commence le jeûne semble crucial. Chez les souris, les jeûnes amorcés le soir – donc en début de leur activité nocturne – sont plus efficaces biologiquement que ceux débutant le matin. Cela suggère que respecter les horloges biologiques optimise les bénéfices métaboliques du jeûne.

Application chez l’humain

Chez l’homme, il pourrait être pertinent de débuter les phases de jeûne en fin d’après-midi ou en soirée pour suivre ce rythme. Chaque organisme étant unique, une phase d’observation (2 à 4 semaines) est recommandée pour adapter son jeûne efficacement.

Potentiel et limites du jeûne intermittent thérapeutique

Potentiel et limites du jeûne intermittent thérapeutique

Le jeûne ne se substitue pas à un traitement médical pour les formes sévères de MASH, mais il peut être un adjuvant puissant. Toutefois, il n’est pas recommandé dans certains cas : troubles alimentaires, grossesse, maladies chroniques non stabilisées.

Comparaison des effets selon le protocole de jeûne

ProtocolePerte de poidsEffet sur la MASHPrévention CHC
16:8ModéréeInconstantInconnu
1:1ForteVariableNon étudié
5:2ÉlevéeSignificatifProuvé chez la souris

Comment intégrer le jeûne intermittent à votre quotidien ?

Commencez par identifier un protocole qui s’adapte à votre rythme de vie : le 5:2 avec des jours fixes comme le lundi et jeudi permet plus de régularité. Lors des jours de restriction, limitez-vous à 500-600 kcal, idéalement sous forme d’aliments riches en fibres et en bonnes graisses (avocat, légumes, noix, œufs).

Évitez le jeûne après une nuit blanche ou en période de stress intense. Hydratez-vous en permanence (eau, tisanes) et surveillez vos signaux corporels (fatigue, hypoglycémie).

Pour découvrir des conseils pratiques sur l’alimentation anti-inflammatoire, explorez nos recherches récentes, et approfondissez le lien entre nutrition et prévention cardiovasculaire dans cet article complémentaire.

Ce qu’il faut retenir

  • Le jeûne intermittent de type 5:2 améliore la santé du foie chez la souris.
  • Il réduit significativement la stéatose, l’inflammation et la fibrose hépatique.
  • Le respect du rythme circadien optimise les effets bénéfiques.
  • Des voies moléculaires clés (PPARα et PCK1) sont impliquées dans ces effets.
  • Le jeûne peut devenir un adjuvant précieux pour les patients atteints de MASH.

Source

Gallage S, Ali A, Barragan Avila JE, Seymen N, Ramadori P, Joerke V, Zizmare L, Aicher D, Gopalsamy IK, Fong W, Kosla J, Focaccia E, Li X, Yousuf S, Sijmonsma T, Rahbari M, Kommoss KS, Billeter A, Prokosch S, Rothermel U, Mueller F, Hetzer J, Heide D, Schinkel B, Machauer T, Pichler B, Malek NP, Longerich T, Roth S, Rose AJ, Schwenck J, Trautwein C, Karimi MM, Heikenwalder M. A 5:2 intermittent fasting regimen ameliorates NASH and fibrosis and blunts HCC development via hepatic PPARα and PCK1. Cell Metab. 2024 Jun 4;36(6):1371-1393.e7.

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