« Le régime Paléo est mauvais pour la santé »

« Le régime Paléo, un retour aux origines contestés » 

« Le régime Paléo, attentions aux maladies cardiovasculaires » 

Et l’article Futura Science sur lequel se base ce dossier : « Le régime Paléo est mauvais pour le coeur » 

Voici les titres français qui ont couvert la presse « scientifique » ces derniers jours. 

Le régime Paléo est, selon une étude, une menace pour la santé cardiovasculaire. 

Avant de s’attarder en profondeur sur l’étude en question, analysons les médias. 

Les médias respectent une sorte de « triangle » de l’information.

C’est-à-dire que, pour certains médias, ne mettons pas tout le monde dans le même panier, le but n’est plus d’informer correctement, le but est de faire du « clic « , des « vues / lues » et directement ou indirectement de l’argent. 

Comment cela fonctionne-t-il ? 

  • Première étape :  ils vont vous donner une information « miraculeuse ».

Pourquoi ? Cela permet à la personne de « cliquer ». 

Par exemple : « Perdre 20kg en 2 mois avec le régime Paléo » 

On se servira alors de ce “régime” pour indiquer une perte de poids massive.

Le but ?

Les clics, toutes les personnes qui souhaiteront perdre du poids vont aller se ruer vers ce nouveau « régime ».  

(Ce qui n’est pas finalement une mauvaise chose). 

  • Deuxième étape : ils (les médias) insisteront, ils vont ancrer cette information 

Par exemple : « La star internationale X s’est mise au Paléo, elle est transformée ! »

  • Troisième étape : casser le mythe, ce qui leur permettra d’avoir un sursaut de « clics », etc. 

Par exemple : « Le régime Paléo est mauvais pour le coeur » 

On titre « Le régime Paléo est mauvais pour le coeur » et nous avons toute la communauté Paléo qui réagit.

Vous pouvez très bien me dire : « Non, les médias se basent sur la science lorsqu’ils disent que le régime Paléo est mauvais pour la santé ». 

Je répondrai tout simplement : d’accord, pourquoi pas.

Seulement, c’est faux. 

L’étude sur laquelle ils se basent n’indique absolument pas un effet de causalité direct entre le régime Paléo et les maladies cardiovasculaires.

Je dirai même que l’étude a démontré plutôt l’inverse et vous le verrez par la suite.

L’étude s’est basée sur une molécule, une molécule qui nous permettrait de prédire l’apparition de certaines maladies, dont les maladies cardiovasculaires.

« Long-term Paleolithic diet is associated with lower resistant starch intake, different gut microbiota composition and increased serum TMAO serum ». 

Le régime Paléo est mauvais pour le coeur

Voici la publication scientifique qui nous est présentée. 

Décryptons-là ensemble. 

On nous parle d’alimentation Paléo, d’une alimentation faible en glucides (amidon résistant), de microbiote et surtout, de TMAO. 

Pour les besoins de cette étude, les chercheurs ont recruté en tout 91/92 personnes (2 ont dû se retirer de l’étude à cause de leur pathologie).

Commentaire : normalement devrait trouver 90 personnes divisées en 3 groupes, cependant, nous avons les données statistiques de 91 personnes. 

Le régime Paléo est mauvais pour le coeurLes 91 personnes vont êtes séparées en 3 groupes :
47 personnes vont être considérées comme « contrôles », c‘est-à-dire qu’elles ont suivi une alimentation équilibrée « conventionnelle », incluant les féculents et les produits laitiers.

Puis un groupe Paléo a été constitué et se divise en deux sous-groupes :

  • 22 personnes étaient classées en « Paléo strict »
  • 22 personnes étaient classées en « Pseudo-paléo »

Ceux qui consommaient moins d’une portion par jour de céréales et de produits laitiers, conformément aux critères d’inclusion, étaient classés dans le Paléolithique strict (PS).

En détails, les « paléolithique stricts » peuvent consommer les groupes alimentaires suivants :

  • Toutes les viandes
  • Tous les poissons et produits de la mer
  • Les œufs
  • Tous les légumes
  • Tous les légumes racines type « féculents » comme : manioc, patates douces, etc.
  • Tous les fruits
  • Les champignons comestibles
  • Les noix et graines
  • Les épices, les herbes
  • Les graisses animales et végétales saines et non-transformées
  • Les aliments fermentés.

Ceux qui consommaient plus d’une portion par jour de céréales et/ou de produits laitiers étaient attribués le groupe pseudo-paléolithique (PP).

Les personnes qui ont été assignées aux groupes Paléo ont reçu des sortes de « formations » pour comprendre les fondements de l’alimentation Paléo. 

Parlons maintenant du « coeur » de l’étude : les TMAO 

Que sont les TMAO ? 

Le trimethylamine-N-oxide (TMAO) est une petite molécule organique, dérivée du microbiote intestinal, qui apparaît comme étant une nouvelle cause potentiellement importante d’augmentation de l’athérosclérose et du risque cardiovasculaire. 

Les taux circulants de TMAO augmentent après le métabolisme microbien intestinal des aliments riches en L-carnitine et en phosphatidylcholine alimentaires, notamment la viande rouge, les œufs et les produits laitiers, qui sont des nutriments courants du régime alimentaire occidental. 

La voie métabolique du TMAO comprend la digestion de ces amines à partir du microbiote intestinal avec production de triméthylamine (TMA), qui est ensuite convertie en TMAO via la flavine-monooxygénase-3 (FMO3) dans le foie. 

Ce n’est pas très clair ? 

Voici un schéma du site internet du Dr. Sarah Ballantyne, une des pionnières qui a contribué à populariser le style de vie Paléo.   

Le régime Paléo est mauvais pour le coeur
Source : thepaleomom.com

En résumé, dans la viande rouge se trouve un acide aminé en grande quantité appelé la L-Cartinine.

C’est la digestion au niveau intestinal de cet acide aminé par les bactéries qui va créer une molécule qui s’appelle la triméthylamine (TMA). 

Une fois arrivée dans le foie, cette molécule va être convertie en TMAO. 

La TMAO aurait des conséquences néfastes sur la santé, comme la contribution dans l’apparition de certains cancers ou de maladie cardiovasculaires. 

Maintenant vous comprenez certainement mieux le titre français de Futura-science « Le régime Paléo est mauvais pour le coeur ». 

Sauf qu’en réalité, ici, nous parlons de TMAO, nous ne parlons pas directement de santé cardiaque. 

La question est de savoir si la publication scientifique en question a fait une erreur, car nous pensons tous, lecteurs convaincus que le Paléo ne peut pas causer de soucis cardiovasculaires, et bien non, il n’y a pas eu d’erreur. 

Précisons, en revanche, que c’est seulement dans le groupe “Paléo strict” que les taux de TMAO étaient les plus élevés, c’est-à-dire chez 22 personnes.

Le régime Paléo est mauvais pour le coeur

Comme vous pouvez le voir, ce sont chez les « Strict paleolithic » que les taux de TMAO étaient élevés : 9,53 

Si vous ne comprenez rien à cette image, voici une traduction :

Le régime Paléo est mauvais pour la santé

Vous allez vous dire, quoi ?

C’est chez les personnes qui respectaient le plus le Paléo que les taux de TMAO étaient le plus élevés ?

Impossible ! 

Et bien non, aucune faute n’a été commise, aucune erreur dans les statistiques, l’étude était particulièrement bien ficelée et plutôt fiable, même si le nombre de personnes recrutées était plutôt faible, cela n’entache en rien la qualité de l’étude. 

Faisons une pause et prenons de la hauteur par rapport à cette étude. 

Qu’est-ce que l’alimentation Paléo ? 

J’ai déjà écrit des articles à ce sujet, cependant, je vais devoir dans cet article préciser quelques points qui me paraissent indispensables.

Pendant la période du Paléolithique, les seuls aliments qui étaient disponibles étaient ceux issus de :

  • la chasse,
  • la pêche
  • la cueillette

À la base, le régime Paléo est un régime à base de plantes, avec au moins 2/3 de l’assiette recouverte d’aliments à base de végétaux et un tiers seulement d’aliments pour animaux et encore cela pouvait varier selon les jours et selon les tribus, car il arrivait que nos ancêtres au Paléolithique ne trouvent pas de viande pendant plusieurs jours.

Bien entendu, la consommation de viande et les produits de la mer sont acceptés parce qu’ils fournissent des nutriments essentiels qui ne peuvent être obtenus à partir de sources végétales, mais la part de viande est plutôt faible.

Il est conseillé de se procurer des aliments de haute qualité, c’est-à-dire de :

  • choisir de la viande provenant d’animaux nourris à l’herbe ou de pâturage,
  • des poissons sauvages
  • des fruits et légumes biologiques locaux de saison, dans la mesure du possible.

La variété est très importante, car différents aliments fournissent différents nutriments.

La diversité et la qualité sont la clé.

Il est plus facile d’obtenir les nutriments nécessaires au bon fonctionnement du corps humain dans une alimentation variée et ayant une densité nutritionnelle élevée.

Le régime Paléo est mauvais pour le coeur

Le régime Paléo est mauvais pour la santé, que conclue l’étude scientifique ?

La conclusion de cette étude indique que oui, en effet, le régime Paléo serait mauvais pour la santé, notamment la santé intestinale.

Voici une citation de la conclusion :

« Une adhésion à long terme au régime paléolithique pourrait ne pas être bénéfique pour la santé intestinale, en raison de son association avec une plus faible abondance relative de genres bactériens bénéfiques connus, et de l’abondance relative accrue de genres Hungatella produisant du TMA. » 

Alors sommes-nous face à un dilemme ?

L’alimentation Paléo serait mauvaise pour la santé finalement ? 

La suite de cet article risque de vous donner quelques éléments de réponses, et peut-être même quelques surprises. 

Revenons à l’alimentation Paléo

Un article scientifique largement cité par Loren Cordain, et al. a analysé les données de 229 sociétés de chasseurs-cueilleurs (consignées dans un atlas ethnographique) et a constaté que la grande majorité des tribus consommaient entre 45 et 65% de produits animaliers (en pourcentage de l’énergie totale), avec 35 à 55 % de leur alimentation provenant de plantes.

(Les tribus qui se trouvaient en dehors de ces zones étaient généralement originaires de régions polaires (comme les Inuits), où les mutations génétiques permettaient de se développer avec une consommation de viande extrêmement élevée). 

Parce que beaucoup de ces 229 tribus venaient d’Amérique du Nord (où la chasse dominait) et relativement moins d’Afrique, d’Asie, d’Australie et d’Amérique du Sud (où les féculents ou les végétaux étaient un aliment de base), la proportion moyenne d’aliments végétaux pourrait être un peu plus élevée en réalité que l’analyse de Cordain.

Par exemple, les Bushmen! Kung d’Afrique australe mangeaient environ 33 % de leur régime à base de viande et 67 % de leur régime à base de végétaux. 

Le régime Paléo est mauvais pour le coeur

Donc, comme chiffre approximatif, nous pourrions dire que les chasseurs-cueilleurs consomment en moyenne environ la moitié de leur régime alimentaire (en calories) comme aliments d’origine animale et environ la moitié comme aliments d’origine végétale avec beaucoup marge de manœuvre (en fonction des conditions).

Ce qui est certain, c’est que chaque fois que la viande et la végétation sont abondantes, les humains ont tendance à s’orienter vers un régime véritablement omnivore, composé à peu près à parts égales de plantes et d’animaux, plutôt que de tout ce qui est presque herbivore ou carnivore.

Cela garantit une large consommation de :

  • micronutriments
  • de fibres,
  • de composés phytochimiques,
  • de protéines de haute qualité
  • de graisses essentielles.

Mais attendez !

Gardez à l’esprit que 50 % des calories que vous consommez d’un type de nourriture ne sont pas les mêmes que 50 % de votre volume de nourriture de cet aliment (c’est-à-dire combien d’espace il occupe dans votre assiette).

La viande et les autres produits d’origine animale ont tendance à être beaucoup plus denses en énergie par rapport à la plupart des aliments à base de plantes (par exemple, une « cup »* de steak de bœuf contient 338 calories, tandis qu’une « cup »* d’épinards crus ne contient que 7 calories !).

*Une cup est une unité de mesure aux USA qui signifie environ la quantité d’une tasse (d’ailleurs cup = tasse). 

Mon assiette Paléo

A quoi devrait ressembler une assiette Paléo ?

1 – Arc-en-ciel de fruits/légumes

Choisissez des fruits et légumes de différentes couleurs.

2 – Mélanger le cru et le cuit 

Variez la façon dont vous préparez vos légumes.

3 – Féculents 

Choisissez des racines et des tubercules en guise de féculent (patate douce, manioc…)

4 – Fruits riches en antioxydants 

Les baies et les agrumes apportent le plus d’antioxydants (comprendre le stress oxydatif)

5 – Noix et graines 

Visez jusqu’à 30 g de noix et de graines par jour.

6 – Cuire et/ou dresser avec, par exemple :

Des graisses d’animaux nourris à l’herbe ou élevés au pâturage.

  • une huile d’olive extra-vierge pressée à froid de haute qualité (comment choisir son huile végétale),
  • une huile d’avocat,
  • de l’huile de noix de coco.

7 – Aliments fermentés 

Pensez à la choucroute ou aux cornichons crus comme probiotique pour votre repas.

8 – Herbes et épices  

Les herbes et les épices fraîches procurent non seulement beaucoup de saveur et de variété, mais également des vitamines, des minéraux et des composés phytochimiques.

Donc, la moitié de nos calories devraient provenir des produits animaux et l’autre moitié des aliments à base de plantes, mais cela ne signifie PAS que la moitié de l’assiette sera composée de viande et l’autre moitié de légumes.

Les aliments d’origine animale ont tendance à être plus dense en calories (énergie) que les produits d’origines végétales (noix, graines et fruits gras sont des exceptions).

Généralement les deux tiers à 3/4 de l’assiette devront être des légumes (associés à quelques fruits / noix / graines en modération) et l’autre 1/4 sera alors des protéines animales.

Voici un exemple d’assiette Paléo

le régime paléo est mauvais pour le coeur

La viande rouge et les TMAO

Il s’avère en réalité que les TMAO sont étroitement liés à la consommation de viandes rouges et d’oeufs, mais plus particulièrement de viande rouge. 

Tout simplement parce que la viande rouge contient beaucoup de L-Carnitine.

Au delà de la qualité alimentaire, et c’est encore un flou de l’étude scientifique que nous élucidons, la viande rouge augmente les taux de TMAO, même si cette viande provient de boeuf nourris à l’herbe, même si cette viande provient d’animaux « non-industrialisés ».

Donc la qualité ne joue que très peu finalement sur les effets néfastes de la viande rouge, c’est-à-dire la production de TMAO. 

Comme je vous l’ai dit précédemment, l’étude était bien ficelée, c’est-à-dire que les groupes Paléo consommaient bien des aliments qui entrent dans la catégorie « Paléo ». 

La place de la viande rouge dans le régime Paléo 

A l’époque du Paléolithique, vous imaginez bien qu’il était assez difficile de trouver des troupeaux de boeufs (ou autre animaux source de viande rouge). 

Cela arrivait, et quand cela arrivait, alors effectivement la tribu devait certainement manger beaucoup de viande rouge, mais sur une période très limitée ! 

Effectivement, nous ne connaissions pas à cette époque les techniques de conservation actuelles…

Cromagnon ne mettez pas son entrecôte au frigo pour pouvoir manger les restes le lendemain. 

Le reste du temps, nos ancêtres chassaient plutôt des petits animaux (qui correspondraient donc à ce que l’on appelle la « viande blanche » aujourd’hui). 

Et de nos jours, quelle est la place de la viande rouge ?

Cela n’a pas changé, nous devrions privilégier les viandes blanches comme le poulet, la dinde, le lapin, etc. 

La quantité de viande rouge devrait, elle, se faire plus rare. 

C’est-à-dire 1 à 2 fois par semaine grand maximum. 

Evidemment, il faudra toujours privilégier les viandes issues de l’agriculture biologique, car la composition en acides gras sera meilleure, la viande aura moins de résidus d’antibiotiques, les animaux auront été mieux traités, et auront été en meilleure santé. 

(Evidemment tous les produits transformés à base de viande ne sont pas “paléo strict” : saucissons, saucisses, bacon, poulet en barquette, jambon blanc en barquette, etc.) 

Cromagnon était-il végétarien ? 

Non, pas vraiment, mais bien entendu, il avait forcément des jours de végétarisme et même très certainement des jours de végétalisme, dans lesquels il ne trouvait ni viandes, ni oeufs, ni poissons, ni miel, ni aucun produit animaux. 

Il y avait également des jours où il ne trouvait rien du tout, dans ce cas il jeûnait. 

■  Article : le jeûne thérapeutique

Mais dans l’ensemble son alimentation n’était pas végétarienne, ni carnivore, elle était omnivore avec tout de même une tendance (selon les régions du monde) à l’un des deux extrêmes. 

Reprenons notre étude : 

Cette étude est titrée : 

« Long-term Paleolithic diet is associated with lower resistant starch intake, different gut microbiota composition and increased serum TMAO serum »

En français : 

« Le régime paléolithique à long terme est associé à une diminution de l’apport en amidon résistant, à une composition différente du microbiote intestinal et à une augmentation du sérum TMAO sérum »

Seulement ce titre comporte une première erreur ! 

Le titre de cette étude devrait s’intituler : 

« Un régime Paléolithique basé sur une forte consommation de viande rouge, et à la quasi non-consommation de féculent, même Paléo, est associé à une composition différente du microbiote intestinal et à une augmentation des TMAO »

La voici l’erreur !

Les deux erreurs plus précisément : 

  • La consommation importante de viande rouge 
  • La consommation très faible de féculents (même Paléo). 

En effet, dans cette étude, les participants Paléo consommaient de plus hauts taux de viande rouge que les contrôles, et ce tous les jours !

Le groupe Paléo consommait également beaucoup plus d’oeufs que le groupe contrôle. 

Rappelez-vous les aliments qui contribuent à la formation de TMA par les bactéries intestinales ?  

La viande rouge et les oeufs ! 

De plus, nous n’avons aucune information concernant les autres types de viandes, les types de viandes les plus consommées à l’époque Paléolithique (les volailles, le gibier, les petits animaux, etc.). 

C’est à s’y perdre et à croire que les participants Paléo ont mangé pratiquement que de la viande rouge et des oeufs. 

Nous n’avons pas non plus de données sur les fruits de mer ni les poissons qui sont aussi une part importante du régime Paléo.

Le régime Paléo est mauvais pour le coeur

Sur cette image, issue de la publication scientifique, les paléo strict, représentés par un cercle gris, sont situés essentiellement autour de la consommation de viande rouge : “Red_meats_serve”.

Encore une fois, nous n’avons aucune données sur les viandes les plus courantes au Paléolithique : les viandes maigres.

Les féculents Paléo 

Bien que l’alimentation Paléo soit, naturellement, faible en glucides, elle n’en est pas exempt totalement ! 

Dans cette étude, la consommation de glucides étaient relativement basse pour les groupes Paléo, c’est-à-dire moins de 100g par jour !

Imaginez 100 grammes de patates douces … (En plus, si l’on souhaite aller plus loin dans l’analyse, les légumes sont considérés comme des glucides, donc par repas, je doute qu’il y ait eu vraiment des légumes racines…) 

Les légumes racines sont une partie importante dans l’alimentation Paléo car ils permettent d’apporter des glucides sans pour autant faire grimper la glycémie comme c’est le cas avec les glucides raffinés modernes. 

De plus, et ça corrobore avec les résultats de l’étude, le microbiote intestinal a été impacté négativement par ce manque de glucides d’origine paléo, surtout si en face on a une consommation quotidienne de viande rouge. 

La confrontation des études scientifiques

Le régime paléo est mauvais pour le coeur

En français : « Une alimentation Paléo réduit les amidons résistants mais n’affecte pas les taux de TMAO chez des femmes en bonne santé »

Cette étude a été produite quelques temps avant la première (celle dont je vous parle depuis le début). Et dans cette précédente étude, les chercheurs (qui d’ailleurs sont les mêmes pour les deux études) sont arrivés à des résultats complètement opposés.

Pour expliquer cette différence d’une étude à l’autre, les chercheurs indiquent que cette étude avait duré seulement 4 semaines et que c’était trop peu (de temps) pour observer un quelconque changement au niveau du microbiote et au niveau des niveaux de TMAO. 

En revanche, concernant cette étude, on obtient plus de renseignements sur l’alimentation qu’avait les femmes de l’étude. 

On peut apprendre par exemple que les femmes ont consommé de la viande rouge effectivement mais également : 

  • De la volaille 
  • Des oeufs (comme la première étude) 
  • Des produits de la mer

Alors que dans la première étude que nous avons traité (celle qui conclu à une augmentation de TMAO), nous n’avons aucune donnée sur la consommation de poisson et de volaille.

Encore une fois, c’est à croire que les participants n’ont consommé seulement que de la viande rouge. 

Les taux de TMA augmentent avec la consommation de viandes rouges et d’oeufs. 

La question que je me pose est la suivante : Pourquoi avoir donné à manger tant de viande rouge et d’oeufs (quotidiennement) à ces groupes et plus particulièrement aux groupes Paléo ? 

(même si évidemment, ce n’est pas les chercheurs qui ont donné à manger aux gens, mais peut-être ont-ils été à l’origine d’une mauvaise distribution de l’information en ce qui concerne un réel régime Paléo ?)

Il était évident, selon les données que nous avons aujourd’hui que les taux de TMAO seraient plus élevés dans les groupes Paléo. 

Pourquoi ? 

Car comme nous l’avons vu, il existe des bactéries qui produits des TMA (à l’origine du fameux TMAO) mais également des bactéries qui « détruisent » les TMA. 

Quels sont aliments qui influencent les bactéries qui produisent les TMA ? 

La viande rouge et les oeufs (entre autres), comme nous l’avons vu depuis le début de cet article. 

Quels sont les aliments qui influencent les bactéries qui détruirent les TMA ? 

Les glucides (et surtout l’amidon résistant). 

Donc dans cette étude, les participants se tiraient une balle dans le pied en consommant autant de viande rouge et si peu de glucides… 

Résumons

Je voudrais que cette partie soit bien claire, donc je vais faire une résumé plus clair :

Une équipe de chercheurs produit deux publications scientifiques :

  • La première date de 2018, elle conclut qu’il n’y a pas d’association entre le régime Paléo et les TMAO

Seulement, dans cette étude qui a duré 4 semaines, les participantes (groupe composé que de femmes) semblent avoir eu une alimentation plus diversifiées et donc sûrement moins la possibilité de consommer de la viande rouge.

A la fin de cette première étude, l’équipe de chercheur conclut que 4 semaines est trop peu suffisant pour conclure quoi que ce soit en matière d’élévation des TMAO.

  • La deuxième date de 2019, elle conclut l’inverse, c’est-à-dire qu’il y aurait cette fois une augmentation entre le régime Paléo et les TMAO

Seulement dans cette étude, qui a duré 1 année, les participants du groupe Paléo Strict semblent avoir consommé beaucoup de viande rouge et oeufs, et surtout de façon quotidienne ainsi que très peu de glucides.

A la fin de cette deuxième étude, l’équipe de chercheur conclura alors qu’au bout d’une année, les taux de TMAO ont augmenté.

Le souci dans cette étude, c’est que nous n’avons pas beaucoup d’informations quant à l’alimentation animale que les participants ont eu.

C’est justement la consommation quotidienne de viande rouge (pour laquelle nous n’avons également aucune connaissance de sa qualité) et les faibles taux de consommations de glucides qui auront été la cause de l’élévation des TMAO.

J’espère que si ce n’était pas assez clair, maintenant ça l’est !

Qu’en était-il de la réelle santé cardiaque ? 

Aucune des personnes de cette étude n’a eu de soucis cardiovasculaires pendant cette année de suivi, (heureusement). 

Bien entendu, avoir des taux de TMAO élevés n’est pas optimal, et tout ça aurait probablement pu être évité. 

Seulement, lorsque nous regardons les facteurs qui, aujourd’hui, sont utilisés en cardiologie pour prédire un éventuel événement cardiovasculaire, et bien le groupe paléo ne semble pas avoir de risque particulier. 

Les facteurs sont les suivants (liste non-exhaustive) 

  • L’IMC : indice de masse corporel (en dessous de 25) 
  • La pression sanguine  
  • Les taux de cholestérol (bien que ce facteur soit discutable) 
  • Les triglycérides 
  • Les TMAO (facteur non-confirmé de prédiction de pathologie cardiovasculaire) 

Si l’on regarde les paramètres de notre étude, voici les résultats et les valeurs de référence :

Le régime Paléo est mauvais pour la coeur

Si l’on regarde le groupe « Strict Paleo », puisque c’est celui qui est critiqué dans cette étude du fait de son taux de TMAO. 

On constate que la totalité des paramètres sont normaux. 

Selon le Dr Hazen, du « Cleaveland Heart Lab » : « Si une personne a des taux élevés de TMAO, il semblerait prudent d’intensifier les efforts de prévention en faisant preuve de plus de détermination pour réduire les autres risques. Cela peut inclure une perte de poids, une diminution de la pression artérielle et du cholestérol en modifiant le mode de vie. » 

Effectivement, tous les autres facteurs sont au vert. 

Comment réduire les taux de TMAO pour le groupe Paléo strict ?

Tout simplement en réduisant massivement la consommation de viande rouge qui a été accordée quotidiennement dans cette étude ! 

Futura-science titrait il y a quelques jours « Le régime paléo mauvais pour le coeur ».

Est-ce que la journaliste avait lu l’étude ? 

Est-ce que la journaliste était au courant que les TMAO ne sont pas des facteurs officiels prédictifs d’événements cardiovasculaires ? 

Est-ce que la journaliste était au courant que plusieurs études ont démontré que des taux élevés de TMAO n’étaient pas liés avec des pathologies cardiovasculaires ? 

Ce qui est regrettable dans cette histoire, c’est que le titre de ce site internet utilise le mot « Science » … 

L’alimentation Paléo est-elle mauvaise pour le microbiote intestinal ? 

L’analyse récente des matières fécales des chasseurs-cueilleurs Hadza de Tanzanie, qui devrait refléter notre ancien microbiote intestinal avant l’inclusion du gluten et des produits modernes, a clairement mis en évidence les principales différences de structure microbienne et de métabolites intestinaux par rapport aux Italiens (ex de population occidentale) vivant en ville.

Des échantillons de selles des Hadza ont été collectés pendant la saison des pluies, lorsque la nourriture dominante est à base de plantes et que la viande de gibier est rare. (Encore une preuve que les tribus Paléo moderne modifient leur alimentation selon le contexte et ne consomment clairement pas de viande rouge tous les jours…) 

La plupart des tubercules contiennent une teneur élevée en fibres non digestibles. 

Le régime Hadza est donc enrichi en monosaccharides, en amidon et en protéines, mais pauvre en graisse. 

La nutrition du groupe de comparaison italien a été adaptée au régime méditerranéen, avec beaucoup d’aliments à base de plantes, de fruits frais, de pâtes, de pain et d’huile d’olive et des quantités modérées de produits laitiers et de viande. 

Le microbiote intestinal de Hadza présente une richesse et une biodiversité microbiennes supérieures à celles du microbiote de témoins italiens. 

Le microbiote de Hadza est dominé par le phylum Firmicutes (72%), les Bacteroidetes (17%), les Protéobactéries (6%) et les Spirochaetes (3%). 

Les fortes proportions de protéobactéries et de spirochètes dans les matières fécales de Hadza, en particulier, se distinguent considérablement des très faibles niveaux de ces phylums dans le groupe témoin italien. 

Il existe également une quantité supérieure de sphingolipides et de glycérophosholipides et il est intéressant de noter que les études actuelles ont montré que les sphingolipides bactériens permettent la maturation du système immunitaire.

En résumé, la communauté microbienne remarquable issu des matières fécales de Hadza peut être une adaptation et une condition préalable à la forme spécialisée de nutrition.

73 % ! C’est le taux de réussite d’une petite étude menée aux USA. 

Dans une étude récente, 15 patients atteints d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ont été suivi par un spécialiste certifié AIP.

Après une transition progressive de six semaines suivie d’une phase d’entretien de cinq semaines, la rémission clinique a été atteinte à la 6ème semaine chez 11 des 15 participants (73% !) et ils sont restés en rémission tout au long de la phase de maintenance (5 semaines) de l’étude.

Voici le lien de l’étude

Qu’est-ce que l’alimentation AIP ? 

Auto-Immune Protocol (AIP), est un protocole alimentaire (prodigué par une personne qui a été formée à la « nutrition auto-immune ») et qui se base sur les principes du Paléo.

Chez les malades atteints de MICI (Crohn et RCH) le microbiote est profondément modifié, il est pathologique. 

L’alimentation AIP a permis de restaurer une fonction intestinale normale dans cette étude. 

Ce qui démontre une nouvelle fois, que lorsque l’alimentation Paléo est respectée, ou lorsque certains aliments ne sont pas sur-consommés (comme la viande rouge par exemple). 

Le régime Paléo est mauvais pour la santé et la santé cardiovasculaire ? 

Une méta-analyse très récente a été publiée ce mois de juillet 2019 dans le journal « Advance in Nutrition ». 

Premièrement, avant de passer aux conclusions de la méta-analyse, il est très important de rappeler que l’interprétation du régime Paléo peut être très différente d’une personne à l’autre. 

Selon ses interprétations personnelles, l’alimentation Paléo peut devenir source de bienfaits, d’amélioration de la santé, comme devenir la pire alimentation (surtout si l’on consomme des viandes rouges en quantité tous les jours comme ça a été le cas avec l’étude faisant l’objet de cet article). Le régime paléo est mauvais pour le coeurIl est tout de même appréciable de noter que les chercheurs de cette méta-analyse (Effects of paleolithic Diet on Cardiovascular disease risk factors) ont rappelé avec justesse le type de viande à consommer en majorité dans le régime Paléo, je cite « Ce régime recommande de consommer de la viande maigre, du poisson, des légumes, des fruits et des noix et d’éviter de consommer des céréales, des produits laitiers, des aliments transformés, ainsi que du sucre et du sel ajoutés »  

Nous n’allons pas entrer en détail dans cette publication qui, par ailleurs, nécessite des analyses/études supplémentaires, car nous ne pouvons pas obtenir de résultat tranché.

En revanche, ce qui tend à apparaître, c’est qu’un régime Paléo (bien mené) a des effets favorables sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires.

Ce qui confirme finalement les résultats de l’étude précédente dans laquelle les facteurs de risque (autre que les TMAO, qui je le rappelle, ne sont pas encore des facteurs officiels), ne sont pas une menace pour la santé cardiovasculaire dans le groupe paléo strict.

Conclusion

Est-ce que le régime Paléo est mauvais pour la santé cardiovasculaire ?

Est-ce que le régime Paléo est mauvais pour la santé intestinale ?

En l’état actuel de la science, et sans preuve supplémentaire, je répondrai que NON.

Le régime Paléo n’est pas un risque pour la santé cardiovasculaire.

Bien entendu, il faut garder en tête que le régime Paléo est avant tout, un régime à base de végétaux, la consommation de produits animaux n’est qu’un accompagnement dans l’assiette.

Je suis tout de même surpris de voir que quasiment aucun média n’a jamais parlé de l’efficacité du Paléo dans les pathologies inflammatoires intestinales, dans la santé thyroïdienne, dans l’efficacité assez bluffante de ce type d’alimentation chez les personnes qui souffrent de maladies auto-immunes…

C’est assez triste dans un monde entouré de négativité, ces informations positives, scientifiquement fondées, auraient peut-être pu aider plusieurs dizaines voir centaines de malades !

J’espère que cet article vous aidera à vous faire une opinion.

Je souhaiterais finir sur une phrase (citée dans la publication scientifique) qui démontre encore que les chercheurs qui ont conclu à une élévation des TMAO avec un régime Paléo sont loin de connaître la vraie vision de ce style de vie, dans cette étude ils disent et je cite : 

« L’élimination de la source de protéines des céréales, des produits laitiers et des légumineuses signifie que le régime paléo est riche en protéines d’origine animale, ce qui peut augmenter la concentration sérique de TMAO »

Devons-nous rappeler à ces chercheurs la richesse en protéines de certains légumes/feuilles vertes/graines/noix ?

À méditer…

Cet article au format vidéo

Quel est votre avis sur ce sujet ? N’hésitez pas à commenter 🙂