En Europe, près de deux tiers des adultes et un tiers des enfants souffrent aujourd’hui de surpoids ou d’obésité. C’est un chiffre colossal qui fait froid dans le dos quand on sait que l’obésité figure parmi les principales causes de mortalité et d’invalidité, et qu’elle est directement liée à 13 types de cancers différents.
Mais face à ce constat alarmant, une question fondamentale se pose : comment savoir si vous êtes réellement concerné par ce risque ? Pendant longtemps, on a pensé que le simple poids sur la balance suffisait à donner la réponse. On s’est appuyé sur l’IMC, l’indice de masse corporelle, comme s’il représentait l’indicateur ultime de la santé métabolique.
Sauf que voilà, l’IMC est aujourd’hui remis en cause, et pour de très bonnes raisons. Un nouvel indicateur a fait son apparition, bien plus pertinent pour prédire votre santé réelle et vos risques de mortalité : l’IRC, l’indice de rondeur corporelle. Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi l’IMC est obsolète, pourquoi l’IRC est bien plus fiable, et surtout ce que cela signifie concrètement pour votre santé et votre espérance de vie.
Qu’est-ce que l’indicateur de Rondeur Corporel (IRC) ?
Contrairement à la graisse sous-cutanée, que l’on peut voir et pincer sous la peau, la graisse viscérale est invisible. Elle est située profondément dans l’abdomen, autour des organes vitaux comme le foie, le pancréas et les intestins.
Et c’est précisément cette invisibilité qui la rend si dangereuse. Vous pouvez avoir un ventre qui paraît arrondi, sans forcément avoir l’air obèse, mais en réalité cette forme est souvent le signe d’une accumulation de graisse viscérale.
La graisse viscérale est particulièrement redoutable parce qu’elle est métaboliquement active. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas un tissu inerte. Elle sécrète des molécules pro-inflammatoires, comme des adipokines et des cytokines, qui entretiennent un état d’inflammation chronique dans le corps.
Cette inflammation a des conséquences directes et multiples sur votre santé :
- Elle abîme vos artères. L’inflammation endommage les parois des vaisseaux sanguins, favorisant l’athérosclérose, c’est-à-dire l’accumulation de plaques dans les artères. Cela augmente les risques d’accident cardiovasculaire.
- Elle détruit votre foie. La proximité de la graisse viscérale avec la veine porte permet aux substances inflammatoires d’atteindre rapidement le foie. Résultat : accumulation de graisses dans le foie (stéatose hépatique), inflammation, puis fibrose, cirrhose et même cancer si rien n’est fait.
- Elle favorise le diabète. Les cytokines produites par la graisse viscérale perturbent le fonctionnement de l’insuline. Cela conduit à une résistance à l’insuline, puis à un diabète de type 2.
Vous l’avez compris, la graisse viscérale est un véritable poison silencieux. C’est elle qui fait la différence entre deux personnes ayant le même poids ou le même IMC, mais un risque de mortalité totalement différent.
Contrairement à l’IMC, qui se base uniquement sur le poids et la taille, l’IRC se calcule à partir de la circonférence du ventre.
Pourquoi le ventre ? Parce que c’est là que se loge la graisse viscérale. La taille abdominale devient donc un prédicteur beaucoup plus fiable du risque métabolique et du risque de mortalité.
Les chercheurs ont suivi près de 33 000 patients sur une vingtaine d’années. Leur conclusion est claire : il existe une courbe en U entre l’IRC et le risque de décès toutes causes confondues.
Autrement dit, un IRC trop bas (lié à une malnutrition ou une fonte musculaire excessive) comme un IRC trop élevé (lié à un excès de graisse viscérale) augmentent le risque de mourir prématurément.
Quelle est la différence entre IMC et IRC ?
L’IMC est très simple à calculer : il correspond à votre poids divisé par votre taille au carré. Sur le papier, c’est une formule séduisante, parce qu’elle donne un chiffre clair, facile à interpréter. Grâce à des tranches de valeurs, on peut dire si une personne est en surpoids, obèse ou dans la norme.
Mais ce calcul apparemment pratique cache trois problèmes majeurs qui rendent l’IMC inadapté à l’évaluation réelle de la santé.
D’abord, l’IMC ne fait pas la distinction entre masse musculaire et masse grasse. Une personne très musclée, par exemple un sportif ou un athlète, peut avoir un IMC élevé et être classée en surpoids, alors qu’elle n’a aucun excès de graisse corporelle. À l’inverse, une personne avec très peu de masse musculaire mais un taux de graisse élevé peut afficher un IMC normal, tout en présentant un risque majeur de maladie métabolique.
Ensuite, l’IMC ne donne aucune indication sur la répartition de la graisse dans le corps. Et pourtant, toutes les graisses ne se valent pas. La graisse viscérale, en particulier, est la plus dangereuse pour votre santé. Elle est directement liée à des risques élevés de maladies métaboliques, mais l’IMC n’en tient absolument pas compte.
Enfin, l’IMC ignore l’âge, le sexe et l’ethnicité. Or, la répartition de la graisse corporelle varie énormément entre les hommes et les femmes, mais aussi en fonction de l’âge ou des origines. L’IMC n’est pas adapté aux enfants, aux personnes âgées, ni aux différences culturelles et génétiques.
En résumé, l’IMC donne une illusion de simplicité, mais il masque la réalité. Et cette réalité, elle se cache dans un type de graisse bien particulier : la graisse viscérale.
Comment mesurer son Indice de Rondeur Corporelle (IRC) ?
Avant même de parler de calculs complexes comme l’IRC, la première étape simple consiste à mesurer son tour de taille. Cette mesure, si elle est faite correctement, donne déjà une idée précise du risque.
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Voici comment procéder :
- Placez un mètre ruban horizontalement, directement sur la peau, sans vêtement.
- Tenez-vous debout, pieds joints, bras relâchés le long du corps.
- Faites la mesure à la fin d’une expiration normale.
- Positionnez le mètre à mi-distance entre la dernière côte et la partie la plus haute du bassin.
On considère que le risque est accru lorsque le tour de taille dépasse 80 cm pour une femme et 94 cm pour un homme.
C’est aussi simple que ça.
Quand on met tout cela bout à bout, il devient évident que continuer à parler d’IMC n’a plus aucun sens. L’IMC est un indicateur daté, trop approximatif, qui passe à côté de la vraie menace : la graisse viscérale.
L’IRC, au contraire, tient compte de la répartition corporelle et de la rondeur abdominale. Il reflète la réalité métabolique et permet de mieux prédire les risques de mortalité.
Si vous voulez vraiment savoir où vous en êtes, ne vous contentez plus de la balance. Prenez un mètre ruban. Votre tour de taille en dira bien plus long sur votre santé que n’importe quel calcul d’IMC.
Pourquoi la santé n’a rien à voir avec le poids
La santé n’est pas qu’une histoire de poids. C’est une histoire de répartition, de qualité tissulaire et de métabolisme. Pendant trop longtemps, on a simplifié les choses avec un indicateur trompeur comme l’IMC. Mais aujourd’hui, nous avons de meilleures données, et il est temps de les utiliser.
L’IRC n’est pas seulement un chiffre scientifique, c’est un outil pour mieux comprendre ce qui se passe dans votre corps. Un outil qui peut vous aider à agir avant qu’il ne soit trop tard.
Alors si votre ventre vous paraît proéminent, si votre tour de taille dépasse les valeurs normales, ne le prenez pas à la légère. C’est peut-être le signal que votre corps vous envoie pour réagir.
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour agir. Avec une alimentation anti-inflammatoire adaptée, une activité physique régulière et des choix de vie sains, vous pouvez réduire votre graisse viscérale et améliorer considérablement votre santé.
N’attendez pas que l’IMC vous donne un faux sentiment de sécurité. Mesurez votre taille, évaluez votre IRC, et reprenez le contrôle sur votre santé dès aujourd’hui.
Comment réduire son Indice de Rondeur Corporelle ?
Si vous voulez agir sur votre tour de taille et donc améliorer votre indice de rondeur corporelle, il faut garder une chose en tête: il n’existe pas de solution miracle ni de raccourci. C’est un travail de fond, qui se construit dans la durée, en prenant soin de votre corps dans sa globalité.
1. Tout commence par ce que vous mettez dans votre assiette.
Une alimentation anti-inflammatoire variée, riche en aliments frais, en fibres, en bons lipides et en protéines de qualité est la base. L’objectif n’est pas de supprimer, mais de rééquilibrer.
Plus vous limitez les produits ultra-transformés, bourrés d’additifs, d’édulcorants ou de sucres cachés, plus votre métabolisme respire. Même chose pour les boissons sucrées industrielles, qui entretiennent l’accumulation de graisse viscérale: gardez-les loin de votre quotidien, sauf cas très spécifiques liés à la récupération sportive.
2. Ne suivez pas de régime trop restrictifs
Je veux insister sur un point essentiel: évitez les régimes drastiques. Ils donnent l’illusion d’un résultat rapide, mais détruisent vos muscles et ralentissent votre métabolisme.
Ce qu’il faut, c’est une alimentation équilibrée sur le long terme, adaptée à vos besoins.
Les apports en protéines doivent rester suffisants (environ 1,3 à 2 g par kilo et par jour), les glucides doivent représenter une base stable (environ 50 % de l’apport énergétique global), et les lipides ne doivent pas descendre sous les 25 à 30 % de vos apports.
3. Ensuite, l’hygiène de vie joue un rôle énorme.
Boire suffisamment d’eau, dormir assez et veiller à la qualité de votre sommeil sont des piliers trop souvent négligés. Pourtant, un sommeil fragmenté ou trop court entretient l’inflammation et favorise la prise de poids abdominale.
4. L’activité physique est évidemment incontournable.
Mais ici aussi, la logique doit être progressive et durable. Combinez des séances de cardio, aussi bien à intensité modérée qu’élevée (course, corde à sauter, HIIT…), avec du renforcement musculaire. Les squats, pompes, planches, tractions ou encore burpees sont vos meilleurs alliés pour stimuler le métabolisme et mobiliser l’ensemble du corps.
5. Enfin, ne sous-estimez jamais l’impact du stress.
Le cortisol, cette hormone qui s’emballe quand vous vivez sous pression, favorise directement le stockage de graisses au niveau abdominal. Apprendre à mieux gérer votre stress, à travers la respiration, la méditation ou des moments de récupération active, fait partie intégrante du processus.
Réduire son tour de taille, ce n’est donc pas seulement une histoire de sport ou de calories, c’est une approche globale, progressive et durable, qui transforme votre corps mais aussi votre énergie et votre bien-être au quotidien.
Sources
Zhang X, Ma N, Lin Q, Chen K, Zheng F, Wu J, Dong X, Niu W. Body Roundness Index and All-Cause Mortality Among US Adults. JAMA Netw Open. 2024 Jun 3;7(6):e2415051.
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