()

Vous avez tout entendu sur le gluten. Qu’il est le diable en personne pour certains, une simple protéine inoffensive pour d’autres. Vous vous sentez peut-être perdu au milieu de ce champ de bataille nutritionnel, en vous demandant si ce croissant du matin ou ces pâtes du déjeuner sont secrètement en train de saboter votre bien-être.

Mon rôle aujourd’hui est simple : mettre fin à la confusion. Nous allons, ensemble, décortiquer la question qui vous amène ici : le gluten est-il votre ennemi inflammatoire ? Loin des dogmes et des tendances, nous allons nous appuyer sur ce que la science dit VRAIMENT. Considérez cet article comme votre coach personnel, qui vous prend par la main pour explorer votre corps, comprendre ses signaux et prendre des décisions éclairées pour votre santé.

Qu’est-ce que vraiment le gluten ? Anatomie d’une protéine controversée

Qu'est-ce que vraiment le gluten ? Anatomie d'une protéine controversée

Avant de pointer un accusé du doigt, apprenons à le connaître. Le gluten n’est pas un monstre, c’est un ensemble de protéines, principalement la gliadine et la gluténine, qui agit comme une colle (d’où son nom dérivé du latin « glu »).

C’est le « ciment » qui donne son élasticité à la pâte à pain, son moelleux à la brioche et sa mâche aux pâtes. On le trouve dans le blé, le seigle, l’orge, et leurs dérivés.

Alors, pourquoi le gluten est mauvais aux yeux de tant de gens ? Une partie de la réponse se trouve dans l’évolution de l’agriculture.

Le blé moderne a été sélectionné pour être plus riche en gluten, pour des raisons de rendement et de panification. Notre exposition à cette protéine n’a jamais été aussi massive.

Mais est-ce le gluten lui-même ou la quantité que nous ingérons qui pose problème ? C’est là que la science devient passionnante.

Le verdict de la science : le gluten est un inflammatoire avéré

Pour une fraction de la population, le débat est clos. Le lien entre gluten et inflammation est un fait médical indiscutable. Il est crucial de savoir si vous faites partie de ce groupe.

Nous avions déjà évoqué cette problématique dans un article que je vous invite à consulter pour en savoir plus 👉 Le gluten est-il inflammatoire ?

Le cas de la Maladie Cœliaque : une guerre civile dans votre intestin

Imaginez que votre propre armée (votre système immunitaire) se retourne contre vous. C’est exactement ce qu’est la maladie cœliaque.

Chez ces personnes, l’arrivée de la gliadine (un composant du gluten) dans l’intestin déclenche une réaction immunitaire explosive.

Les « soldats » immunitaires attaquent la paroi de l’intestin grêle, détruisant les villosités, ces petites vagues qui permettent d’absorber les nutriments. Le résultat est une inflammation intestinale sévère et chronique.

D’ailleurs, ce n’est plus une théorie. Des travaux comme ceux publiés dans le Scandinavian Journal of Gastroenterology ont montré en détail comment des peptides spécifiques du gluten activent les lymphocytes T chez les patients génétiquement prédisposés, menant à une inflammation et une atrophie villositaire (1).

Il ne s’agit pas d’un simple inconfort, mais d’une destruction tissulaire qui peut entraîner malnutrition, anémie et ostéoporose. Pour les cœliaques, le gluten est un poison inflammatoire.

Et si vous voulez en savoir plus, découvrez notre article spécialement dédié à ce sujet 👉 Quels sont les vrais effets du gluten sur votre corps ?

Le cas de la Sensibilité au Gluten Non Cœliaque (SGNC) : la zone grise de l’inflammation

Comment savoir s'il est inflammatoire pour moi ? Les 4 signes de l'intolérance au gluten

C’est ici que les choses se complexifient et que vous vous reconnaissez peut-être. Vous n’êtes pas cœliaque, pas allergique, mais vous êtes certain que le gluten vous fait du mal.

Bienvenue dans le monde de la SGNC. Vos symptômes sont réels, mais le mécanisme est plus subtil.

Longtemps, on a cru que c’était psychologique. Aujourd’hui, la science commence à lever le voile.

Une découverte majeure vient du Dr Alessio Fasano et de son travail sur la zonuline. La zonuline est une protéine qui régule la perméabilité de votre barrière intestinale. Le Dr Fasano a démontré que la gliadine du gluten est le plus puissant déclencheur de la libération de zonuline connu, et ce, chez tout le monde !

Chez la plupart des gens, l’intestin se « referme » rapidement. Mais chez les personnes sensibles, cette « porte » pourrait rester ouverte plus longtemps, créant ce qu’on appelle une hyperperméabilité intestinale (ou « leaky gut »).

Des fragments alimentaires et des toxines peuvent alors passer dans le sang, déclenchant une réponse immunitaire et une inflammation de bas grade dans tout le corps.

D’ailleurs, une étude fondamentale de 2016 parue dans la revue Gut a été une véritable bombe. Les chercheurs ont pris des personnes déclarant une SGNC et leur ont donné une minuscule dose de gluten (l’équivalent d’un croûton).

En quelques jours, leurs analyses de sang ont révélé des marqueurs d’inflammation systémique et de lésion de la paroi intestinale. Cela prouve que la réaction n’est pas « dans leur tête », mais bien une réponse biologique et inflammatoire mesurable (2).

Comment savoir s‘il est inflammatoire pour moi ? Les 4 signes de l’intolérance au gluten

Si votre corps est en état d’inflammation à cause du gluten, il ne le gardera pas pour lui. Écoutez attentivement les signaux qu’il vous envoie. Ce ne sont pas des listes de symptômes, ce sont des messages.

1. Des troubles digestifs chroniques

Votre ventre peut se transformer en champ de bataille. Cette inflammation intestinale n’est pas une simple gêne.

Ce sont des ballonnements qui vous font défaire un bouton de pantalon après le déjeuner, des douleurs qui vous plient en deux, un transit qui joue au yo-yo entre diarrhée et constipation (3).

C’est le premier signe que votre système digestif est en état de siège.

Mais l’inflammation ne reste pas sagement dans l’intestin.

Nouveauté !

LE GUIDE COMPLET DE L'ALIMENTATION ANTI-INFLAMMATOIRE

Votre corps sait guérir. Il suffit juste de lui donner les moyens d’y parvenir.

Ce guide, fruit de plusieurs années de recherches et d’expérimentations, est une véritable mine d’informations et de conseils pratiques pour tous ceux qui souhaitent prendre leur santé en main.

2. Des problèmes de peau

Imaginez-la comme une braise qui envoie des étincelles dans tout votre organisme.

Ces étincelles peuvent atterrir sur votre peau. La peau est souvent le miroir de ce qui se passe à l’intérieur.

Une inflammation de la peau liée au gluten peut se manifester par une recrudescence d’eczéma, de psoriasis, ou par l’apparition d’une condition très spécifique à la maladie cœliaque.

La manifestation la plus spécifique est la dermatite herpétiforme, surnommée la « maladie cœliaque de la peau ». Elle provoque des cloques et des démangeaisons intenses. Pour ces personnes, le lien entre gluten et inflammation de la peau est direct et l’éviction du gluten est le seul traitement efficace.

Une revue d’études publiée dans le International Journal of Dermatology a souligné l’association fréquente entre la maladie cœliaque et diverses affections cutanées, confirmant que le régime sans gluten est souvent la clé pour apaiser ces inflammations dermatologiques (4).

3. Des douleurs articulaires et musculaires

3. Des douleurs articulaires et musculaires

Les étincelles inflammatoires peuvent aussi atteindre vos muscles et vos articulations.

Si vous ressentez une inflammation musculaire diffuse, une raideur matinale ou une inflammation articulaire qui va et vient sans raison apparente après des repas riches en blé, ne l’ignorez pas.

Ce ne sont pas des « douleurs de vieillesse » précoces. C’est peut-être votre système immunitaire qui, sur-sollicité, crée des dommages collatéraux.

Le gluten et l’inflammation articulaire (arthralgie) ou le gluten et l’inflammation musculaire (myalgie) sont des manifestations extra-intestinales de plus en plus reconnues.

Lorsque l’inflammation devient systémique, les molécules inflammatoires (cytokines) circulent dans votre sang et peuvent se « fixer » dans les tissus conjonctifs de vos articulations et de vos muscles, provoquant douleur et raideur.

Une étude publiée dans Rheumatology International a observé que les manifestations extra-intestinales, notamment les douleurs articulaires (arthralgies), sont extrêmement communes chez les patients atteints de SGNC, parfois même en l’absence de symptômes digestifs majeurs (5).

4. Un brouillard cérébral

Enfin, l’inflammation peut monter jusqu’à votre cerveau. Ce fameux « brouillard cérébral », cette sensation d’avoir la tête dans du coton, cette fatigue mentale écrasante… Ce n’est pas de la paresse.

Des molécules inflammatoires appelées cytokines peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et perturber votre neurologie (6).

L’effet du gluten sur le poids : faut-il consommer du « sans gluten » pour maigrir ?

C’est une question qui revient sans cesse. Analysons l’effet du gluten sur le poids. Beaucoup de personnes perdent des kilos en arrêtant le gluten. Mais attention, ce n’est pas le gluten lui-même qui fait grossir !

La perte de poids est simplement la conséquence de l’arrêt d’aliments souvent très caloriques qui en contiennent : pizzas, burgers, pâtisseries, biscuits, bières…

Le piège est de les remplacer par des produits industriels « sans gluten ».

Ces derniers sont souvent plus riches en sucres, en graisses de mauvaise qualité et en additifs pour compenser la perte de texture.

En faisant cela, non seulement vous ne rendez pas service à votre santé, mais vous risquez de prendre du poids. La clé n’est pas le « sans gluten », mais le « fait maison » et le « non transformé ».

Alors, faut-il déclarer la guerre au gluten ?

Revenons à notre question de départ : est-ce que Monsieur et Madame Tout-le-monde, sans pathologie avérée, doivent déclarer la guerre au gluten ?

Ici, la science nous invite au calme. Non, il n’existe aucune preuve solide pour affirmer que le gluten est pro-inflammatoire pour un individu sain avec une barrière intestinale intacte.

Pour utiliser une métaphore : blâmer le gluten pour l’inflammation chez une personne en bonne santé, c’est comme accuser la pluie d’inonder une maison dont le toit est en parfait état.

La pluie (gluten) ne devient un problème que si le toit (la barrière intestinale) est déjà endommagé. Le véritable enjeu pour la population générale n’est peut-être pas le gluten lui-même, mais la santé globale de l’intestin et la qualité de l’alimentation que l’on a en parallèle.

Comment adopter une alimentation anti-inflammatoire au quotidien ?

Comment adopter une alimentation anti-inflammatoire au quotidien ?

La vraie stratégie est une invitation au changement. Si vous décidez, avec un professionnel, de réduire le gluten, ne pensez pas « restriction ». Pensez « découverte ».

Oubliez les rayons des produits transformés et plongez dans la richesse des aliments bruts. Voici une philosophie autour de 10 familles d’aliments sans gluten à réintégrer dans votre vie. Redécouvrez le plaisir simple des fruits et légumes de saison, qui devraient être la base de votre assiette.

Faites des légumineuses, comme les lentilles ou les pois chiches, vos nouvelles meilleures amies pour leurs fibres et leurs protéines. Explorez les pseudo-céréales nutritives comme le quinoa, le sarrasin ou le millet.

Le riz, sous toutes ses formes, et les pommes de terre ou patates douces sont des sources d’énergie fantastiques. N’oubliez pas les protéines de qualité issues de viandes et poissons non panés, et les bons gras que l’on trouve dans les oléagineux (noix, amandes) et l’avocat.

Les produits laitiers nature et le maïs complètent ce tableau d’une alimentation saine et naturellement sans gluten.

Alors, le gluten est-il pro-inflammatoire pour tout le monde ? La réponse est un NON nuancé mais clair. Il est un agresseur avéré pour une partie de la population (cœliaques, certains sensibles).

Pour les autres, il est probablement un spectateur innocent dans une alimentation par ailleurs équilibrée.

Sources

(1) Catassi C, Fasano A. Celiac disease. Curr Opin Gastroenterol. 2008 Nov;24(6):687-91.

(2) Uhde M, Ajamian M, Caio G, De Giorgio R, Indart A, Green PH, Verna EC, Volta U, Alaedini A. Intestinal cell damage and systemic immune activation in individuals reporting sensitivity to wheat in the absence of coeliac disease. Gut. 2016 Dec;65(12):1930-1937.

(3) Fasano A. Zonulin and its regulation of intestinal barrier function: the biological door to inflammation, autoimmunity, and cancer. Physiol Rev. 2011 Jan;91(1):151-75.

(4) Abenavoli L, Dastoli S, Bennardo L, Boccuto L, Passante M, Silvestri M, Proietti I, Potenza C, Luzza F, Nisticò SP. The Skin in Celiac Disease Patients: The Other Side of the Coin. Medicina (Kaunas). 2019 Sep 9;55(9):578.

(5) Volta U, Bardella MT, Calabrò A, Troncone R, Corazza GR; Study Group for Non-Celiac Gluten Sensitivity. An Italian prospective multicenter survey on patients suspected of having non-celiac gluten sensitivity. BMC Med. 2014 May 23;12:85.

(6) Hadjivassiliou M, Sanders DS, Grünewald RA, Woodroofe N, Boscolo S, Aeschlimann D. Gluten sensitivity: from gut to brain. Lancet Neurol. 2010 Mar;9(3):318-30.

Cet article a-t-il été utile ?

Cliquez sur une étoile pour le noter !

Note moyenne / 5. Nombre de votes :

Pas encore de votes ! Soyez le premier à donner votre avis.