Le jeûne thérapeutique

Qu’est-ce que le jeûne 

Le jeûne ou jeûne thérapeutique consiste en une privation de nourriture. Il peut y avoir différentes formes de jeûne: le jeûne intermittent, le jeûne hydrique ou les jeûnes modifiés. Aujourd’hui on va se concentrer sur le jeûne thérapeutique, le jeune le plus pratique à mettre en place et aux nombreux bénéfices sur la santé.

Petite parenthèse: il est à noter que le jeûne était très utilisé à l’époque (ainsi que dans les religions: carême, ramadan…) et a été supprimé par la médecine moderne. Cependant, en Allemagne ou encore en Russie, certains hôpitaux sont très ouverts à ce genre de soin. 

Le jeûne intermittent 

Le jeûne intermittent est un jeûne, donc une privation de nourriture, qui alterne avec des périodes d’alimentation normale. Il est utilisé pour plusieurs raisons, la première raison est la perte de poids. En effet, comme vous pourrez le voir ci-dessous, le jeûne intermittent est très efficace pour la perte de poids. Mais il est également utilisé pour améliorer l’espérance de vie, prévenir ou traiter certaines pathologies chroniques ou dégénératives. De nos jours, c’est un régime qui est très étudié par les médecins notamment par des cancérologues. En effet, le jeûne intermittent pourrait avoir des bénéfices stupéfiants sur le cancer et plus précisément pour le traitement du cancer.

Globalement, avant de rentrer dans les détails, après une période de jeûne, le niveau d’insuline baisse dans le sang. Il y a également une augmentation de l’hormone de croissance de manière importante. Cette hormone contrôle la masse graisseuse, masse graisseuse qui sera libérée sous forme de lipides utilisés par l’organisme pour survivre. De la même manière, ces lipides préserveront en partie les muscles du corps jusqu’à ce que le stock de graisse soit épuisé.

Enfin, il est à noter que le jeûne intermittent peut apporter des effets négatifs si l’on ne fait pas attention : irritabilité, déshydratation, somnolence, troubles du sommeil.

De façon générale, ce régime doit-être suivi de la façon la plus prudente et en toute connaissance de cause. Il pourra être supervisé par votre médecin.

1 – Si vous êtes atteints de pathologies cardiaques, ce régime est déconseillé. Votre médecin saura vous conseiller.

2 – Il est également à noter que ce régime peut engendrer des déséquilibres du comportement alimentaire. Les personnes les plus susceptibles pourraient être touchées par ce phénomène.

Que manger pendant un jeûne intermittent ?

Biologie du jeûne thérapeutique

Origine

Le corps humain est une formidable machine capable de subir beaucoup de choses. Pendant le paléolithique – dernière mise à jour de notre ADN – l’humain devait se nourrir de se qu’il trouvait dans la nature, on l’appelait alors le chasseur-cueilleur. C’est-à-dire qu’il se nourrissait de fruits, légumes, racines, petits animaux, gros animaux occasionnellement… Seulement, vous serez d’accord qu’à cette époque, la machine humaine ne pouvait trouver de la nourriture toutes les 5 heures. Mais ceci n’est pas un problème ! Notre corps a été conçu de telle façon à se que nous puissions résister à ces jours de carences. Dans ce sens, mais dans l’autre sens également, il est capable de stocker de l’énergie qui va lui permettre de tenir le choc durant les périodes de jeûne.

Les stockages d’énergie

Notre corps a la formidable capacité de transformer les sucres en graisses et les graisses en sucre ! Par conséquent, deux formes de stockage sont disponibles

  • Stockage des graisses : principalement dans les tissus adipeux et autour des organes. On remarque que chez les hommes et les femmes cette graisse se répartie de façon différente : cuisses et hanches chez la femme et ventre chez l’homme. Or, pour les hommes, malchance, la graisse viscérale est plus problématique.
  • Stockage des sucres : on les retrouve dans le foie et dans les muscles sous forme de glycogène. C’est une source qui est rapidement utilisable par l’organisme.

Enfin, la dernière réserve : les protéines. Le corps ne les utilise que lorsqu’il n’a pas d’autre choix.

Phénomène entrée / sortie 

Le phénomène d’entrée et de sortie est une image qui illustre deux façons de théoriser l’état du corps:

  • L’entrée : consiste à la prise alimentaire, la digestion et le stockage à la suite de cette digestion.
  • La sortie : consiste à la perte, le jeûne, l’utilisation des stocks par l’organisme.

Insuline

Trop de sucre sanguin ? Une solution pour palier à ce problème ! La sécrétion d’insuline par le pancréas. Après un repas riche en glucides (comme c’est le cas des repas modernes) alors le pancréas va se mettre à sécréter de l’insuline ! Comme dit plus haut, l’insuline va permettre à vos cellules de s’ouvrir au sucre. Car le sang ne peut pas contenir autant de sucre, autant de temps. Des chercheurs ont remarqué que plus notre corps sollicite de l’insuline, plus la personne prend du poids. Moins elle en sécrète, plus son poids diminue.

En effet si lors d’un repas copieux vous ingérez une quantité importante de glucides (pain, pâtes, riz, gâteaux…) alors votre corps va stocker ce sucre et le transformer en graisse.

Seulement, il y a un problème sur le long terme. L’exposition répétée des cellules cibles à l’insuline va entraîner une résistance. Pour palier à ce problème le pancréas va alors se mettre à travailler de façon plus soutenue : il va produire encore plus d’insuline. On rentre enfin dans la phase d’épuisement, les cellules cibles ne reconnaissent plus ou pas assez l’insuline, le taux de sucre dans le sang augmente, c’est l’apparition du diabète de type 2.

La leptine, l’insuline, même problème 

La leptine est une protéine hormonale. Elle est impliquée dans la régulation du métabolisme.
Mais elle régule également:

  • Les réserves de graisses dans l’organisme
  • L’appétit en contrôlant la sensation de satiété

Comment agit-elle ? 

La leptine, hormone sécrétée par les tissus adipeux, communique votre état nutritionnel au cerveau. Une fois l’information arrivée, votre cerveau va décider de ce qu’il a besoin : stimulation du métabolisme ou oxydation du gras. Le niveau de leptine dans le sang est proportionnel aux taux de graisses.

L’organe cible est l’hypothalamus

Les cellules adipeuses sécrètent de la leptine qui va être comprise par l’hypothalamus (région du cerveau impliquée dans la prise alimentaire). L’hypothalamus va renvoyer un message en donnant l’ordre de diminuer l’appétit et d’utiliser les réserves de graisses. Le but ici est de préserver l’homéostasie du corps.

La résistance à la leptine

Comme il y a un important taux de gras chez le sujet, les concentrations de leptine sont très élevées. La surexposition à la leptine va générer, chez les cellules cibles, une résistance à cette hormone. Ce qui va avoir pour conséquence une diminution de l’action de la leptine.

Une diminution de l’action de la leptine causera une augmentation de l’appétit, une diminution de l’apport énergétique ainsi qu’une diminution du métabolisme du glucose et du gras !

Le glucagon, le miroir de l’insuline 

A la différence de l’insuline, le glucagon lui va servir à utiliser ses stocks lors de période de jeûne.

Lorsque le taux de sucre dans le sang baisse, l’insuline disparait au profit du glucagon (hormone également produite par le pancréas). Pour préserver l’homéostasie du corps, le corps va avoir recours à plusieurs mécanismes visant à préserver son intégrité.

En effet, le glucagon va avoir pour rôle de garder un niveau minimum de sucre dans le sang pour alimenter les organes. Sans cette hormone, lors de période de  jeûne ou même lors de période où l’on ne s’alimente pas, le corps s’épuiserait de façon très rapide entraînant une hypoglycémie puis la mort.

Le glucagon ordonne au foie de libérer ses réserves de sucre puis, si vous n’avez plus de sucre disponible, il va aller chercher dans vos réserves adipeuses.

Les effets du jeûne thérapeutique sur la santé

Arthrite rhumatoïde 

Plusieurs études1 ont étudié l’effet du jeûne sur l’arthrite rhumatoïde. 143 sujets ont alors jeûné pendant 7 à 23 jours puis ont ensuite suivi un régime végétarien. Comparé au groupe témoin, les personnes qui avaient jeûné ont constaté une diminution de la douleur, et une meilleure capacité de mouvement.

Perte de poids

Une étude2 a été effectuée sur plus de 200 personnes souffrant d’obésité morbide. Ces personnes ont jeûné pour une durée de 2 mois. Résultats : Les personnes ayant jeuné ont perdu en moyenne 28 kg. En revanche, il convient de changer son style de vie et ses habitudes alimentaires pour profiter de cette perte de poids sur le long-terme.

Sommeil

Une petite étude3 portant sur 15 sujets (âge entre 19 et 59 ans) a constaté qu’un jeûne complet de 7 jours a donné des résultats encourageant sur la qualité du sommeil. De plus, les personnes ont constaté une meilleure énergie durant la journée, une meilleure concentration ainsi qu’une meilleure humeur.

Syndrome de l’intestin irritable

Il a été suggéré par les chercheurs d’utiliser le jeûne chez des patients pour lesquels les traitements conventionnels du syndrome de l’intestin irritable ne fonctionnaient pas4. 2 groupes ont été fait : un groupe témoin, et un groupe ayant jeûné. Sur la totalité de 10 symptômes répertoriés par les chercheurs, les personnes ayant jeûné avec une diminution de 7 des symptômes sur 10. En revanche, pour les personnes n’ayant pas jeûné très peu d’effet ont été constaté. En effet, seulement 3 symptômes avaient diminués.

Cancer

Une étude présentée par des médecins du « Norris Cancer Hopital » a constaté que les souris qui avaient jeûné supportaient mieux les effets de la chimiothérapie. En effet, les souris atteintes d’un cancer mais continuant à se nourrir allaient beaucoup plus mal.

Selon le Pr. Henri Joyeux5, jeûner de façon partielle permettrait de rétablir notre fonction immunitaire. En effet, les aliments d’aujourd’hui auraient des effets immuno-déprimants : le gluten, le sucre, les produits laitiers entraînent une porosité intestinale. Cette porosité laisse passer des molécules plus ou moins toxiques à l’origine de l’inflammation. Cette inflammation va se développer sur les zones fragiles (zones cancéreuses).

Conclusion

Il est évident, plus d’études sont nécessaires pour découvrir le phénomène du jeûne sur la santé. Autrefois pratiqué puis délaissé par la médecine moderne, le jeûne a beaucoup de mal à se faire une place dans la pratique de la médecine. En revanche, les médecines alternatives comme la naturopathie ou encore la nutrithérapie sont très informées de ce que peut apporter comme bénéfice le jeûne thérapeutique.

En effet, dans certains pays comme l’Allemagne, des centres sont ouverts tous les ans pour accueillir les gens atteints de pathologies souhaitant pratiquer le jeûne thérapeutique.

Mise en garde

Il est toutefois important de bien garder en tête que le jeûne thérapeutique n’est pas une pratique banale. Le jeûne intermittent peut se faire de façon plus individuelle alors que le jeûne thérapeutique, sur le long terme, devra être encadré par un professionnel de santé.

Il est important de connaître les effets négatifs que peut avoir le jeûne sur la santé. Comme vous l’avez vu plus haut, le jeûne consiste à une utilisation, une mobilisation des réserves d’énergie du corps. C’est pourquoi, lorsque nous sommes atteint de pathologie cardiaque, il est très déconseillé de pratique le jeûne. Pourquoi ? Car votre coeur est un muscle, comme vous l’avez vu les muscles ne sont pas à l’abri de perdre de leur matière lors d’un jeûne.

Il est important également de savoir que les personnes souffrant de pathologies psychologiques comme les TCA (troubles du comportement alimentaire) ne doivent pas pratiquer de jeûne. En effet, cette privation de nourriture va entrer en interaction avec d’autres mécanismes psychiques mis en place pour ce genre de trouble. Le jeûne thérapeutique va déséquilibrer votre état émotionnel et aura, au final, que des désavantages.

Références

1 – . Muller H, de Toledo FW, Resch KL. Fasting followed by vegetarian diet in patients with rheumatoid arthritis: a systematic review. Scand J Rheumatol. 2001;30(1):1-10.

2 – 16 Johnson D, Drenick EJ. Therapeutic fasting in morbid obesity. Arch Intern Med. 1977;137(10):1381-2.

3 – . Michalsen A, Schlegel F, et al. Effects of short-term modified fasting on sleep patterns and daytime vigilance in non-obese subjects: results of a pilot study. Ann Nutr Metab. 2003;47(5):194-200.

4 – 19. Kanazawa M, Fukudo S. Effects of fasting therapy on irritable bowel syndrome. Int J Behav Med. 2006;13(3):214-20.

5 – https://professeur-joyeux.com/a-propos-du-jeune-en-cancerologie-2/